Quand on nous écoute, qu'on nous entend, c'est être vu.e.s
Et c'est surtout : exister !
En 2020, Max Borg, âgé.e de 10 ans, se présente devant le jury de Britain's Got Talent (Vous l'aurez probablement compris, l'équivalent Britannique de La France a un Incroyable Talent).
Venu.e de Malte avec ses parents, le jury voit cette jeune personne arriver sur scène. Une jury lui demande de se présenter : "Giorgia Borg" de Malte.
Iel va interpréter une chanson qu'iel a écrit.
En introduction, on demande à Max de quoi parle la chanson et iel explique :
"Il s'agit de "10". C'est à propos de comment certains adultes n'entendent pas ce que les enfants disent. De comment ils les laissent là, à attendre sans vraiment sans soucier".
Voici son passage :
Les paroles sont fortes, sa puissance vocale époustouflante et ses parents, qui savent, regardent, émerveillées et fières, réagir le public, le jury.
Le texte, ce texte, il vaut à tout âge, à tout moment de la vie.
When I speak
Do you ever hear a word I say
Or does it not matter in that way
'Cause I'm 10
Or just because I'm young
It doesn't mean I don't mean what I say
It hurts when you look the other way
Hear my roar, hear my thunder
Hear it's beating louder, louder
Louder
Are you hearing me
I want you to hear me, I need you to see me
You look at me but see right through me
Will you ever need, will you ever see me
I just wanna be, I just wanna be 10
When I cry
Do you ever feel my pain inside
Or doesn't that even seem to try
'Cause I'm a child
Hear my roar, hear my thunder
Hear it's beating louder, louder
Louder
Are you hearing me
I want you to hear me, I need you to see me
You look at me but see right through me
Will you ever need, will you ever see me
I just wanna be, I just wanna be 10
See, woah, I'm only 10
I still need you to feel me
I need you to protect me
I need you to guide me home
You look at me but see right through me
Will you ever need, will you ever see me
I just wanna be, I just wanna be 10
Quand je parle
Entends-tu parfois un mot que je dis ?
Ou est-ce que ça n'a pas d'importance ?
Parce que j'ai 10 ans
Ou juste parce que je suis jeune
Ça ne veut pas dire que je ne pense pas ce que je dis
Ça fait mal quand tu regardes ailleurs
Entends mon rugissement, entends mon tonnerre
Entends-le battre de plus en plus fort
Plus fort
M'entends-tu ?
Je veux que tu m'entendes, j'ai besoin que tu me voies
Tu me regardes mais tu vois à travers moi
Auras-tu besoin, me verras-tu ?
Je veux juste avoir, je veux juste avoir 10 ans
Quand je pleure
Ressens-tu parfois ma douleur intérieure ?
Ou est-ce que ça ne semble même pas essayer ?
Parce que je suis un enfant
Entends mon rugissement, entends mon tonnerre
Entends-le battre de plus en plus fort
Plus fort
M'entends-tu ?
Je veux que tu m'entendes, j'ai besoin que tu me voies
Tu me regardes mais tu vois à travers moi
Auras-tu besoin, me verras-tu un jour ?
Je veux juste avoir, je veux juste avoir 10 ans.
Voyez, ouah, je n'ai que 10 ans.
J'ai encore besoin que tu me sentes.
J'ai besoin que tu me protèges.
J'ai besoin que tu me guides jusqu'à chez moi.
Tu me regardes mais tu vois à travers moi.
Auras-tu besoin, me verras-tu un jour ?
Je veux juste avoir, je veux juste avoir 10 ans.
Il porte :
- Un message universel : même dans un contexte familial sécurisant, les enfants ressentent souvent que les autres adultes ne prennent pas au sérieux leurs émotions ou leur parole. La chanson devient alors un plaidoyer pour tous les enfants, pas seulement pour soi.
- La force d’une voix enfantine : chantée par un.e enfant, la chanson frappe plus fort. Ce n’est pas un.e adulte qui parle « pour » eux, mais quelqu’un.e qui le vit et qui interpelle directement le public adulte.
- La scène BGT : en plus du talent vocal, ça donne une scène où un public entier est confronté à la question : « Est-ce que nous écoutons vraiment nos enfants ? »
Et encore plus fort que "est-ce que nous écoutons vraiment nos enfants ?", ce texte vibre et peut vibrer pour toutes et tous :
une œuvre (même écrite par un·e enfant et sur l’expérience d’un·e enfant) prend une valeur universelle dès qu’elle touche à des besoins humains fondamentaux – être vu·e, entendu·e, reconnu·e.
En l’écoutant, à chaque fois, je vois trois niveaux qui se superposent :
- Le niveau concret : la voix des enfants, qui n’est pas toujours prise au sérieux.
- Le niveau existentiel : tout être humain, à n’importe quel âge, peut se sentir transparent ou inaudible.
- Le niveau symbolique : « I just wanna be 10 » devient presque « je veux qu’on reconnaisse ma vulnérabilité, mon humanité, mon besoin de protection », ce qui parle à des adultes, des ados, des personnes âgées…
C’est souvent ce qui fait qu’une chanson simple en apparence résonne fort : elle met des mots sur une expérience intime mais partagée, et portée par une voix authentique (ici, celle d’un.e enfant) ça casse nos défenses.

Ajouter un commentaire
Commentaires